Le Département et la Ville de Bordeaux inaugurent une nouvelle manière de collaborer et lancent ensemble la Fabrique girondine de l’écologie solidaire. Comment concilier solidarité et urgence climatique avec un premier projet commun : la Sécurité Sociale de l’Alimentation…

La semaine de l’écologie solidaire, riche en échanges et idées, a marqué le lancement du Département et de la Ville de Bordeaux dans une collaboration inédite. C’est dans le cadre de la 5^e édition de Solutions Solidaires, que le lancement, on ne peut plus concret, d’un nouveau fonctionnement commun a permis de réunir, autour du président du Conseil départemental, Jean-Luc Gleyze, et du maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, la fondatrice de la Fabrique Écologique, Lucile Schmid, et le président du Conseil scientifique du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et de l’exclusion (CNLE), Nicolas Duvoux.

Objet politique non identifié

Jean-Luc Gleyze a donné le ton d’emblée :

« Avec le lancement de la Fabrique girondine de l’écologie solidaire, nous mettons en place un objet politique non identifié. Cette volonté de faire collaborer nos collectivités passe par une conjugaison des énergies et des actions publiques. Notre objectif : agir aussi bien en territoires urbain et rural, auprès des jeunes comme des personnes âgées avec la volonté d’une redistribution et d’une sensibilisation à l’urgence climatique. »

De son côté, Pierre Hurmic se réjouit de dépasser les anciens blocages institutionnels pour

« donner de la consistance à cette Fabrique, bien au-delà de notre vision commune. Il ne faut plus opposer artificiellement Bordeaux, la métropole et l’ensemble du territoire départemental. Nous sommes tous et avant tout des Girondins ! »

La fondatrice du think tank la Fabrique Écologique, Lucile Schmid, juge la démarche tout à fait positive,

« permettant de répondre à l’acuité de la question sociale en la liant directement à des actions écologiques. Cet exemple a de quoi interpeller le pouvoir central. Il s’agit bien de placer les gens au premier plan à travers tout ce qu’ils attendent, ce qui les préoccupe, au lieu de croire encore en l’argent-roi. »

Opinion partagée par le président du CNLE, Nicolas Duvoux :

« Anticiper sur les enjeux du dérèglement climatique, c’est aussi se soucier des populations les plus précaires car elles sont les plus impactées. Notre instance participative est à l’écoute des citoyens eux-mêmes qui sont là pour bousculer les certitudes. »

Un droit : bien se nourrir

Pour entrer dans le vif du sujet, le Département et la Ville de Bordeaux travaillent donc à l’expérimentation d’une Sécurité Sociale de l’Alimentation, bien persuadés que si l’aide alimentaire est nécessaire, elle ne suffit plus à répondre aux attentes, de plus étant souvent vécue comme discriminante et stigmatisante. Il est donc nécessaire de donner corps au droit de bien se nourrir, de manière saine et durable, garantissant tant la sécurité alimentaire que la chaîne de valeur de l’alimentation.

Le projet est ambitieux, porteur de plusieurs enjeux :

• préserver la pratique et le savoir-faire agricole en assurant aux producteurs une rémunération à la fois juste et digne.
• prendre soin de la santé de toutes et tous par l’accès à une nourriture de qualité.
• renouer avec la pratique démocratique puisque la Sécurité Sociale de l’Alimentation sera collectivement élaborée, associant citoyennes et citoyens, chacun cotisant selon ses moyens et recevant selon ses besoins, via des caisses locales.

Si Pierre Hurmic est ravi de participer à l’aventure, concédant l’avance sur le sujet pris par le Département, Jean-Luc Gleyze annonce que pourraient bien voir le jour des fermes départementales pour encourager l’essor d’une agriculture de qualité, exemplaire, respectueuse de ceux qui produisent et accessible à ceux qui consomment. Une révolution en marche, en somme…