Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe, et Jean-Pierre Lacan, administrateur de SOS Méditerranée étaient présents à l’occasion de la 5^e édition de Solutions solidaires.

SOS Méditerranée a déjà beaucoup travaillé en Gironde avec Le Rocher de Palmer à Cenon : toute une structure culturelle engagée aux côtés de l’association civile européenne qui a embarqué avec elle le Collectif girondin Bienvenue : une belle énergie qui réunit des acteurs locaux pour monter des projets communs.

Aujourd’hui, la charte signée par le Département de la Gironde avec l’ONG, assortie d’un don de 50 000 euros, vient compléter la dynamique de la Plateforme des collectivités solidaires, aux côtés des villes de Bordeaux, Bègles et Floirac pour la Gironde. Au total, 91 collectivités territoriales soutiennent l’ONG. Un véritable réseau, une capacité à relayer le plaidoyer sur les territoires, auprès des citoyens, mais aussi une diversification des financements portés à 90% par des dons privés.

Car si les missions de SOS méditerranée se résument en trois mots, un véritable mandat : « sauver, protéger, témoigner », le dernier n’est pas le moins important. On compte 19 antennes de l’association en France, 418 événements organisés, 79 000 scolaires sensibilisés depuis 2016 dont 22 000 en 2022 pour faire savoir, raconter et témoigner donc, du drame des naufrages en Méditerranée. En toute transparence.

Toutes les opérations menées en Méditerranée centrale, en temps réel : Onboard.sosmediterranee.org

Sauver, protéger…

Avec l’Aquarius puis l’Ocean Viking, les fameux navires orange affrétés par l’ONG, ils ont porté secours à plus de 34 000 femmes, hommes et enfants risquant leur vie sur des embarcations de fortune afin de fuir les violences et le chaos connu et dénoncé en Lybie. Le quart de ces personnes étaient mineur.

« SOS Méditerranée s’inscrit naturellement dans l’humanitaire, mais l’association s’inscrit aussi dans le monde maritime dont elle est un maillon, et dans lequel « porter secours » est une valeur cardinale : tous les marins ont cela en eux ! » explique Fabienne Lassalle.

Elle rappelle :

« Nous relevons du droit de la mer. Quand une alerte est donnée, nous avons l’obligation de débarquer les naufragés dans un port sûr, le plus proche possible du sauvetage, dans les meilleurs délais. Cette compétence est celle des États européens qui, en l’absence de consensus, piétinent ce droit universel. Nous sommes restés ainsi 21 jours à faire des ronds dans l’eau avant de débarquer 234 personnes à Toulon ! Parce que les États n’ont pas respecté le droit maritime, incapables de nous attribuer un port. »

Jean-Pierre Lacan ajoute :

« Ce n’est pas que le problème de l’Italie mais bien celui d’une politique européenne défaillante qui a, au fur et à mesure, construit des barbelés sur la mer et a confié à la Lybie et à ses garde-côtes le contrôle de la Méditerranée centrale – garde-côtes financés par l’Europe en retour. »

… empêchés aussi

SOS Méditerranée a tout inventé, développé des savoir-faire pour les sauvetages de masse et assiste aujourd’hui à une fermeture de l’espace humanitaire en Méditerranée centrale.

« Les passages ont lieu même en hiver et nous sommes les seuls avec MSF à intervenir encore. Même Sea Watch, l’ONG allemande est bloquée… » regrette Fabienne Lassalle.

« D’autant que le budget de chaque mission a explosé : le fuel représente 30% du budget et nous devons parcourir plus de distance pour pouvoir débarquer les personnes. Le coût des opérations de sauvetage est passé de 14 000 à 22 000 euros… Sans solidarité entre pays européens, peu à peu, les ONG sont étranglées. Ce n’est qu’ensemble que nous y arriverons ! »

Jean-Pierre Lacan conclut :

« Nous sommes des citoyens très européens, et ce n’est que par l’Europe et ses valeurs fondatrices que nous pourrons réussir et peut-être arrêter ces opérations destinées, en 2016, à n’être que temporaires… »

Parmi les collectivités membres de la plateforme des collectivités solidaires de SOS Méditerranée, nous retrouvons également de nombreux Départements membres de l'association Solutions solidaires, comme la Nièvre, la Loire-Atlantique, la Meurthe-et-Moselle, la Seine-Saint-Denis, l'Aude, la Haute-Garonne et l'Hérault.