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Autonomie vs précarité

Solidarité

De la Meurthe-et-Moselle à la Gironde, Climat Libé Tour, dans sa version 2024, a permis une rencontre entre deux exécutifs, convaincus du bienfondé du revenu d’autonomie, et la présidente d’ATD Quart Monde. Débat passionné pour lutter avec acharnement contre la pauvreté, ce fléau évidemment évitable.

Climat Libé Tour sait créer l’effervescence dans l’enceinte du Campus Victoire de l’Université de Bordeaux, un samedi 10 février où non loin de là, se fête dans les clameurs et la couleurs le Dragon de Bois, symbole du Nouvel An Chinois… Ici, les conférences se succèdent mais quitte à en choisir une, voici celle qui, dans un climat social des plus troublés, a de quoi remettre les pendules à l’heure :

« Pauvreté et solidarité. Contre la pauvreté, garantir des ressources stables et émancipatrices. »

Oui, il est question du revenu d’autonomie et deux présidentes, un président ne sont pas de trop afin de débattre d’un sujet que les coups de menton politiciens ont trop balancé dans les cordes.

Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde, jette une lumière crue sur le contexte :

« Il est indispensable de penser les choses à partir des personnes les plus pauvres. Le revenu d’autonomie ne mettra pas fin à la grande pauvreté mais sans lui, il est impossible d’évoquer le reste. Le RSA, revu tous les trois ans, n’est pas un privilège. Son montant n’est jamais garanti et susceptible d’être recalculé à la baisse pour une raison ou une autre. Face à cette précarité continue, les allocataires du RSA sont souvent des personnes qui ont un courage incroyable. Le revenu d’autonomie, à la différence du RSA, doit être inconditionnel et associé à un accompagnement dans la confiance et la durée. »

Chaynesse Khirouni, présidente du Département de la Meurthe-et-Moselle qui a fait le déplacement tout exprès à Bordeaux, n’a pu qu’acquiescer.

« Nous vivons dans un contexte de stigmatisation des pauvres. On leur reproche d’être pauvres ! Cette vision du réel, il faut la prendre à contrepied pour la contredire. Il faut savoir qu’un quart des personnes qui ont droit aux minima sociaux ne se manifestent pas. Ce taux de non-recours est de 40 % dans le cas du RSA et de 50 % pour le minimum vieillesse. Á cela s’ajoute un recul des services publics en milieu rural. Si les personnes ont honte de demander ce à quoi elles ont droit, c’est à nous de développer l’aller vers. »

Et la patronne de la Meurthe-et-Moselle de revenir sur l’expérimentation dans son département du revenu d’émancipation jeune, destiné aux 16-25 ans en difficulté.

Emploi plein vs plein emploi

Climat Libé tour 2024

Jean-Luc Gleyze, président du Département de la Gironde, à son tour, a tenu à rappeler sa volonté à ne rien lâcher sur l’expérimentation du revenu d’autonomie et lui aussi entend placer les points sur les i.

« Il faut cesser de dire et de prétendre que dans notre société, le système social serait fragile, de chercher des coupables des inégalités et des difficultés, des coupables tout désignés comme y invite la loi immigration ou parmi les plus pauvres renvoyés à une responsabilité individuelle qui n’a pas de sens. Notre responsabilité est et doit être collective. En janvier 2019, la majorité d’alors à l’Assemblée nationale a refusé d’examiner la proposition de loi que nous avions préparée sur l’expérimentation du revenu de base en Gironde. Son objet même a été rejeté mais nous ne renonçons pas. »

La Gironde entend être à la pointe de la mise en œuvre de ce revenu, ouvert aussi aux jeunes, avec la volonté d’y associer un droit à l’accompagnement vers l’emploi.

« Il ne faut pas faire croire au plein emploi comme un objectif à atteindre mais plutôt à l’emploi plein, en résonance avec les besoins de la personne et du territoire. »

En écho aux propos de Jean-Luc Gleyze, les deux présidentes et les acteurs du terrain comptent bien œuvrer pour activer tous les leviers de l’autonome afin de vaincre de façon pérenne la précarité.

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