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"Faire des choses plus grandes que ce que nous sommes"

Jérôme Saddier, Président de l’Avise et d’ESS France, a été le grand témoin de la première journée de cette deuxième édition de Solutions Solidaires. Dans son intervention, il nous invite à faire des choses plus grandes que ce que nous sommes.

Résumé de son intervention.

Notre société est en pleine mutation, la dimension et la complexité des enjeux auxquels nous faisons face, doit correspondre aux aspirations sociales de nos concitoyens. Plus que jamais, il est nécessaire que les pouvoirs publics accompagnent les structures traditionnelles de l’économie sociale et solidaire, vers la transformation qui leur est nécessaire pour affronter les défis de notre temps. Car, parfois et à juste titre, ces mêmes structures se voient fragilisées dans leurs actions et par leur besoin de financement. L’accompagnement des conseils départementaux reste donc un levier puissant pour la pérennisation de ces structures. 

Nous sommes tous bousculés dans nos certitudes, nos compétences et nos moyens face à ce nouveau monde. Les réponses de l’ESS face à ce changement sont innovantes, solidaires diverses et résilientes, mais elles sont la plupart du temps en dehors du radar des médias et certains niveaux politiques. D’autre part, les efforts des grandes entreprises paraissent fragiles face aux impératifs écologique, climatique et solidaire. 

L’ampleur du défi est si grand qu’il faut aussi ou d’abord, je ne sais pas, changer nos mentalités.

Les acteurs de l’économie sociale doivent y répondre en étant plus forts, plus unis et toujours plus porteurs de sens. Mais nous avons aussi une autre responsabilité, celle de protéger la démocratie. L’économie sociale et solidaire est par nature collective, ce qui la destine donc à protéger le collectif. Nous pratiquons la démocratie, d’ailleurs l’aspiration qui est la nôtre, c’est d’injecter de la démocratie dans l’économie. Ce qui fait de nous, une économie citoyenne et par nature engagée. 

La soumission des politiques publiques à des logiques d’efficacité n’a fait qu’accentuer les fractures sociales et territoriales en France. Une étude de l’université de Cambridge, récemment publiée, montre que dans les démocraties établies, le taux d’insatisfaction à l’égard de ce système politique est passé de 47,9% à 57,5%. Bien que l’on ne puisse pas appliquer cette étude de manière égale, à tous les pays, cela montre bien le refus de la financiarisation de nos sociétés. 

Le recul de l’esprit démocratique, face au défi climatique, amène les plus jeunes à penser que ce problème devrait être réglé par des solutions autoritaires. Il est donc plus que jamais nécessaire redoubler les efforts pour que les actions des acteurs de l’ESS élargissent leur impact et bénéficient au plus grand nombre. Il est  nécessaire de consolider les initiatives de l’ESS afin qu’elles deviennent plus ouvertes à toutes et tous. Pour être à la hauteur des enjeux, il faut être visible, il faut être lisible. 

Enfin, n’oublions pas que les plus belles constructions de l’économie sociale et solidaire sont nées d’une grande ambition la plupart du temps. Notre obligation est d’apprendre à faire, de nouveau, des choses plus grandes que ce que nous sommes.

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